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  • Photo du rédacteurIsabelle Zakman

Les emprunts à l’anglais : une erreur ou une évolution normale de la langue ?

Dernière mise à jour : 20 mars

Au fil des ans, de nombreux termes anglais ont fait leur entrée dans notre vocabulaire quotidien. Pour quelles raisons utilisons-nous des mots dans une langue étrangère ? Ces emprunts sont-ils acceptables dans le contexte de la traduction ?

Une entrée de dictionnaire qui définit le mot Selfie

La langue française a beaucoup évolué et a connu plusieurs réformes importantes. Si ces règles étaient imposées par des groupes d’intellectuels, ces derniers tenaient néanmoins compte de l’usage quotidien de la langue par la population et des pratiques en vigueur dans les institutions scolaires, littéraires et administratives. Aujourd’hui, avec la mondialisation et la technologie, de nombreux termes anglais font leur apparition dans notre vocabulaire, et nous oublions parfois qu’il ne s’agit pas de mots français. Pour quelle raison empruntons-nous des termes à d’autres langues, et dans ce cas précis, à l’anglais ?


Des concepts nouveaux


Il arrive que nous utilisions des anglicismes, car ils décrivent un concept récemment inventé qui n’a pas encore été nommé en français. Nous pouvons penser à selfie ou start-up. Il est intéressant de constater que les Québécois ont créé les mots

« autophoto » ou « égoportrait » pour selfie. Quant à start-up, l’Académie française recommande d’utiliser l’expression « jeune pousse ». Mais force est de constater que le terme anglais est bien plus souvent employé que son équivalent français.


Une histoire de sens


Certains emprunts sont entrés dans le dictionnaire il y a longtemps et font partie de notre vocabulaire courant, comme week-end. Son équivalent français « fin de semaine » traduit correctement l’aspect temporel, mais n’a pas la connotation particulière du mot anglais, à savoir la notion de repos ou de séjour à l’étranger par exemple. Ainsi, l’emprunt anglais nous permet de décrire une réalité que le français n’exprime pas avec autant de précision.


Une question d’habitude


Il arrive que nous adaptions des termes anglais en français, car nous avons l’habitude de les entendre, notamment dans le contexte professionnel. C’est le cas de to implement ou to impact, qui sont devenus « implémenter » et « impacter ». Contrairement à week-end, nous avons une myriade de mots pour traduire précisément le sens de to implement (mettre en place, appliquer, déployer, mettre en œuvre) et to impact (produire un effet, influencer, avoir des conséquences, des répercussions…). Le substantif « impact », quant à lui, existe bel et bien en français, mais désigne un effet produit par une action brutale, comme l’impact d’une balle ou les conséquences (avec une connotation négative) d’un événement. En revanche, Le Robert précise qu’utiliser « impact » dans le sens de

« influence » ou « effet » est fortement critiqué. Si nous calquons les termes to implement ou to impact, ce n’est donc pas parce que notre langue manque d’équivalents, mais parce que nous les entendons si souvent en anglais que nous les employons spontanément.


Des faux-amis


La proximité avec l’anglais nous pousse parfois à utiliser un terme français de manière erronée : nous lui attribuons la signification d’un mot anglais dont l’orthographe est semblable. C’est ce que l’on appelle parfois un « faux amis ». Par exemple, notre usage du mot « réaliser » est un calque sémantique du verbe to realise lorsque nous l’utilisons dans le sens de « prendre conscience », « se rendre compte », « comprendre ». Or, en français, « réaliser » signifie plutôt « effectuer », « accomplir », « concrétiser ». Il en va de même pour l’expression « être en charge de », calquée directement de l’anglais to be in charge of. En français, l’usage correct est « être chargé de », « être responsable de »,

« avoir la charge de ».


Conclusion


En conclusion, nous recourons à des anglicismes pour différentes raisons : parce que nous les entendons souvent dans notre quotidien, parce qu’ils désignent des concepts inventés récemment qui n’existent pas encore dans le vocabulaire français, ou parce que nous leur attribuons de façon erronée le sens d’un mot anglais semblable. Si certains de ces emprunts sont répandus et acceptés (en particulier à l’oral), d’autres sont incorrects et doivent être évités. Dans notre pratique de la traduction, nous choisissons toujours de nous appuyer sur les dictionnaires de référence et sur les directives de l’Académie française. Cependant, il convient de souligner que certaines recommandations des institutions d’autorité ne sont pas suivies, comme nous l’avons vu avec l’exemple de

« jeune pousse ». De plus, il arrive que la nature du texte source ou les exigences du donneur d’ordre nous poussent à dévier des usages consacrés. Ainsi, au cours du processus de traduction, nous recherchons systématiquement les équivalents français et en analysons l’usage dans la langue courante, nous prenons en compte le type de document que nous traduisons, son but, son public cible ainsi que les consignes du client. Et même si un anglicisme figure dans le dictionnaire, nous privilégions toujours l’équivalent français pour préserver notre langue.


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